Par où commencer, non mais vraiment ? Par le fait que j'ai une liste de concerts à voir avant de mourir et que je n'avais jamais osé y apposer le nom de Jimmy Eat World parce que j'étais persuadée qu'ils ne foutraient jamais un orteil à Paris ? Et même qu'ils étaient décédés musicalement aux dernières nouvelles ?
Alors vous imaginez mon état lorsque j'ai vu que non seulement ils passaient à Paris, mais en plus à deux pas de chez moi, Flèche d'or (la salle avec laquelle j'ai une love-hate relationship) et pour une bouchée de pain ?
Pour comprendre pourquoi un petit groupe Arizonien de la scène indie alternative des années 90 me met dans cet état il faut en passer par trois chansons, que dis-je, trois hymnes :
Jimmy Eat World – The Middle
Jimmy Eat World – Pain
Jimmy Eat World – Hear You Me
Vous avez forcément entendu une des trois, si vous êtes majeur et vacciné.
Record dans ma playlist, ces chansons sont dans mes lecteurs mp3 depuis leurs sorties respectives. Et m'ont toutes considérablement aidées à traverser des passages de ma vie pas jolis-jolis.
Hier soir, en quittant mon appart', j'étais un peu comme une Shiri Appleby frétillant d'aller voir le concert surprise de Bon Jovi dans le clip d'It's my life (on a de la culture ou on n'en a pas, guys).
J'ai presque volé, flotté, et gambadé en même temps sur les pavés pour arriver devant la salle où m'attendait... un nightliner. Un what ? Un des plus gros bus qu'on peut affréter pour un groupe. Je me dis "woah", on est loin du van pourri qui parcourait Scottsdale et le reste des environs de Phoenix. Quand Hélo me rejoint, j'ai presque envie de sauter par dessus la sécurité pour y arriver plus vite.
Le premier groupe a commencé, Minus the bear très agréable, et surtout très bonne première partie pour Jimmy Eat World. A découvrir pour ceux qui aiment la scène Indie anciennement appelée Emo (même si la définition a évolué et le style n'a plus grand chose à voir, bref, à découvrir au même titre que la plupart des groupes signés sur Fueled by Ramen, pour les nostalgiques).
On est effarés de la jeunesse du public, alors que je pensais que ce ne serait que ma génération et des gens plus vieux, il y a carrément des gamins presque plus enthousiastes que moi.
Lorsqu'ils arrivent, c'est comme un lifting immédiat pour moi. Je rapetisse. Je redeviens Dakota "Païn" Johnson (y'en a qui remember dans le fond ?), j'ai presque envie de serrer Jim, le chanteur, dans mes petits bras d'adolescente jusqu'à lui faire éclater la cage thoracique tellement c'est comme si je retrouvais un pote de lycée perdu depuis des siècles.
La foule (oui la foule, c'était plein à craquer, et multi-ethnique, des allemands, des hollandais, des espagnols et des anglais, au moins) répond aussitôt aux premières chansons, et, malgré quelques gueulards un peu imbibés, l'esprit restera très bon enfant jusqu'à la fin de la soirée. Un peu comme une classe de maternelle à un spectacle de magie.
Je manque d'arracher le bras d'Hélo quand les premiers accords de Pain résonnent un hymne (j'insiste !) adolescent sur le combat intérieur et la pression de la société et le recours réflexe aux painkillers "Anyone can find the same white pills. / It takes my pain away. / It's a lie. A kiss with open eyes / And she's not breathing back." Parce que Jimmy Eat World c'est ça : des sujets bateau où personne n'osait trop s'engouffrer au risque de paraître démago, des paroles simples mais efficaces qui restent en tête pendant des années.
Le set jusque là propose une alternance des chansons des trois derniers albums mais les mecs ne sont pas du tout pingre en matière de vieilles chansons et n'essayent pas de nous refourguer leur dernier en date à tout prix, je leur en suis assez reconnaissante.
Jim est un brin ennuyé lorsque vient le moment de parler en français puisqu'il n'a appris que la phrase "Je ne sais pas parler français" qu'il maîtrise à peine. Il se noie dans ses "Thank you so much" mais il pourrait aussi bien dire "J'aime la vache qui rit", le public est complétement béat et acquis.
Je vis le concert d'adolescente que je n'ai jamais eu et il est parfait, au détail près que, contrairement à ma voisine je ne suis pas tendrement calée contre le petit copain idéal du lycée (éternel regret).
Arrive un moment plus calme où je sens qu'Hear you me ne va pas tarder. Hear you me est un hymne (j'insiste !!) commérant la mort de deux fans fondamentales de Weezer et de la scène alternative de l'époque. Les paroles, pourtant, arrivent à être universelles puisque chaque ligne tire une corde sensible et spéciale dans mon petit coeur broyé de midinette. Et je ne suis pas la seule. A quelques exceptions près (dont Hélo, qui blasphème en envoyant un texto pendant le moment le plus poignant du concert, BOUH !), tout le public reprend "So what would you think of me now, / so lucky, so strong, so proud ? / I never said thank you for that, / now I'll never have a chance. / May angels lead you in. / Hear you me my friends. / On sleepless roads the sleepless go."
On sleepless roads the sleepless go est une phrase qui tourne en boucle dans ma tête quand, chaque nuit ou presque, je ne trouve ni sommeil, ni repos.
Arrive l'heure des rappels où Sweetness est beuglé en choeur, elle aussi, mais seulement après un The Middle tout droit sorti de l'enfer (tout le monde se souvient du clip mythique ?). Un hymne (!!!) à la différence et au fait que it gets better (oui, ça devient à la mode) "It just takes some time, little girl you're in the middle of the ride. / Everything (everything) will be just fine, everything (everything) will be alright (alright)"
Où la salle se transforme en maison américaine aux fondations prêtes à céder. Où on est à deux doigts d'enlever ce qui reste de nos vêtements (oui, faisait chaud, adolescence, hormone, toussa).
C'était bien. C'était magnifique. C'était meilleur qu'un voyage dans le temps, parce qu'on s'aperçoit qu'ils avaient raison, it just takes some time mais on en sort, plus important : on s'en sort. Et les os brisés par les bullies se remettent en place, la confiance en soi prend plus de temps à guérir et à s'épanouir mais, heart is hard to find et nous ne sommes qu'au middle of the ride.
Take care,
Heights "Santi Païn Dakota" Slapette Johnson.
Fantastique report ! Je ne les connais pas mais j'aurais eu envie de le vivre ce concert !
RépondreSupprimerT'imagines bien que je vais aller Spotifyer tout ça !
Merci pour ce petit article :) je connaissais juste "the middle", j'ai pu découvrir les autres!
RépondreSupprimerJe ne connais ton blog que depuis quelques jours (je suis tombée dessus en cherchant des infos sur le bouquin de carl barat, groupie que je suis) et j'aime beaucoup, c'est écrit avec style et humour, ça donne envie d'écouter les groupes en question! Bonne continuation :)
@Klervi t'as toute une adolescence à rattraper, bitch !
RépondreSupprimer@Anonyme En tant normal ce blog est lui aussi "normal", Fall in Live c'est l'événement du mois de novembre, un concert par soir. Ceci étant précisé, merci pour tout et bienvenue ici ! (Fais comme chez toi, les groupies de Carl sont directement VIP)
C'est clair que c'était... Magnifique. En plus au prix demandé ils auraient pu être radins sur le nombre de chansons, bah non, même pas. Bon report ;)
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