Je me souviens des premiers livres que j'ai lu, à 2/3 ans. Les faisant répéter inlassablement par mes soeurs pour pouvoir les apprendre par coeur et faire croire à tout le monde que je savais lire (chose que je saurais réellement faire 1 an et demi après, more or less).
Je me souviens de la première exposition que j'ai vue, Modigliani au musée des Beaux Arts de Rouen (comme quoi je suis ultra fidèle, même artistiquement).
Je me souviens des premières photos que j'ai prise, du haut d'un toboggan, sur une montagne du Jura, petite bulle de paix au milieu d'une enfance chahutée.
Je me souviens mal, par contre, de mon premier concert. Je sais que, haute comme trois bouteilles de cidre, je courais autour de la place où Jean Ferrat jouait à la pétanque et je squattais les genoux d'Allain Leprest, mais, lorsque je l'engueulais parce qu'il disait "merde" et que c'était hautement défendu on me répondait "il a le droit, c'est un poète". Pas un musicien. Un poète. Bon.
Musicalement, donc, j'ai toujours eu un mal fou à me fixer, à me trouver. J'ai enfoncé des portes ouvertes mais échappé à des gouffres populaires. Je m'en suis pas trop mal sortie. Mais impossible de me souvenir de mon premier concert.
Hier, à la bibliothèque - non, à la DISCOTHEQUE - Clignancourt, je me suis dit que ça devait vraisemblablement être à la bibliothèque de mon village, vu que c'est là que j'ai fait à peu près toutes mes classes, des livres, forcément, à la poésie, en passant par les ateliers d'écriture, de conte et pour finir, de dessin & peinture.
Hier, Silvain Vanot, un auteur/compositeur/musicien/toussatoussa français (normand, même) essayait d'illuminer le premier vrai après-midi de novembre digne de ce nom. Première chose à souligner : tout était contre lui, des employés de la bibliothèque grévistes qui s'étaient un peu opposés à sa venue en ce jour d'action, à un de ses musiciens malades, en passant par des problèmes d'ampli, bref, le monsieur a beaucoup de mérite de s'en être tiré haut la main (et là encore on pourrait dire : expérience, professionnalisme, etc.)
Beaucoup d'humour malgré des airs d'ours mal réveillé, il s'adapte parfaitement au quiproquo qui a fait que beaucoup d'enfants soient présents dans la salle (samedi après-midi = animation pour les marmots dans la tête des parents qui ne savent plus quoi faire pour s'en débarrasser, d'où mes nombreux souvenirs de week-end passés en bibliothèque, inscrite à tout et n'importe quoi) et même si les paroles de certaines chansons vont laisser plein de questions inexpliquées aux parents au retour à la maison.
Ce qui est sur, c'est que les gosses coincés sous les bacs de disques entrain de lire leur bd (toi aussi amuses toi à les trouver sur la photo ci-dessus) chercherons en vain, dans 10, 15 ans, quel a été leur premier concert et aurons peut-être une épiphanie en allant eux-mêmes amener leur gosse dans une bibliothèque, 20, 25 ans plus tard.
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